Catégories : Femmes fessées
il y a 2 ans
Paris, 1776.
Quel bonheur ! Ma tante est venue la semaine dernière me chercher au couvent. Il paraît que je n’y retournerai plus. Je ne connaîtrai plus le fouet, les pensums, le cachot, les moqueries de mes camarades, la voix aigre des religieuses, et les devoirs qui empêchent de sortir par les beaux jours de soleil, et la cloche qui vous prive de sommeil le matin. Je n’ai plus maintenant qu’à me promener et à lire des histoires.
Malheureusement celles qu’on me donne sont un peu plus morales que je ne le souhaiterais. À la place de ces ennuyeuses et sévères maîtresses d’autrefois, j’ai pour professeur un monsieur qui, ma foi, n’a point mauvaise tournure, et qui m’enseigne le chant et la danse. Je ne puis pourtant faire avec lui tout ce que je désirerais ; par exemple, je souhaiterais d’être seule avec lui, quand je prends mes leçons, mais ma tante ne me quitte pas des yeux tout le temps que le professeur est avec moi. Cela est ridicule et m’ennuie beaucoup. Est-ce que je ne suis pas une assez grande fille à présent pour qu’on ne puisse oublier une seule minute de me surveiller.
Songez donc ! Je suis bonne à marier. Hier, après m’être lavée, pendant que ma tante était sortie, je me suis regardée, dans la grande glace de sa chambre, toute nue. Cela m’a fait plaisir de me voir, et par-devant et par-derrière ; je ne m’étais jamais regardée avec autant d’attention. Je suis plus belle que toutes mes amies. Valentine, il est vrai, a des traits plus réguliers que les miens, mais n’a pas des yeux si beaux et une bouche si expressive : on me l’a toujours dit. J’ai de jolies dents, une oreille bien dessinée, mes cheveux, qui me descendent jusqu’aux reins, sont fins et d’un blond agréable.
Je ne connais que les seins d’Olympe qui soient d’un dessin plus ferme et plus délicat que les miens : et encore, à mon goût, sont-ils trop gros. Mes hanches s’arrondissent délicatement, mes cuisses sont fortes, mon mollet mince, mais bien fait. Après m’être regardée le devant, je me suis tournée et j’ai aimé mes larges épaules et mes belles grosses fesses . S’est-on amusé à taper sur elles au couvent. N’importe ! Je suis une jolie fille et l’homme qui me prendra ne sera pas malheureux.
Mais, j’y songe ? Comment sera-t-il, mon mari ? Blond ou brun, grand ou petit ? Je veux toujours qu’il soit bien doux, bien empressé à me satisfaire et à m’aimer. Un baiser d’un mari, ça doit être si bon ! Je voudrais embrasser mon professeur de danse : ça me donnerait un avant-goût de la chose.
Pendant que je me divertissais à me regarder le derrière, à écarter et à avancer mes fesses vers la glace, j’ai entendu la porte de la rue se refermer : c’était ma tante. J’ai eu grand peur d’être surprise et je me suis hâtée de m’habiller.
Ma grande joie, maintenant, c’est de pouvoir me coucher et me lever à l’heure qu’il me plaît. Pourvu que je sois prête aux heures des repas, ma tante ne me fait aucune observation. Mon lit est si moelleux, surtout si je le compare à la petite et dure couchette que j’avais au couvent.
L’autre soir, à huit heures, après le souper, le vent s’était levé et il faisait froid au jardin : je demandai à ma tante la permission de me coucher, alléguant la grande fatigue que j’éprouvais. Ma tante voulut bien me permettre de me retirer. En réalité, je me portais à merveille, mais la conversation de ma tante et des dames, ses amies, m’ennuyait, et j’avais hâte de jouer dans mon bon lit. Je me déshabille à la hâte, puis me mets un instant devant la glace, dégrafant ma chemise par-devant pour regarder mes seins que je caresse doucement quelques minutes, puis la troussant par derrière pour voir mes fesses, que je tends et que je gonfle à plaisir.
D’abord satisfaite de ce spectacle, je me coule dans mon lit où le froid des draps, puis la chaleur que je parviens à ressentir au milieu des couvertures me procure des sensations délicieuses. Une fois réchauffée, je rejette les couvertures, je retire ma chemise elle-même, et, toute nue, je m’enveloppe dans les draps, de manière à ce qu’ils couvrent mes formes sans les déguiser. Le contact fin de la toile me chatouillait agréablement et je prenais plaisir à me caresser tout le corps.
À un moment, je fus si excitée, que je roulai une partie du drap entre mes jambes, puis je me frottai sur ce bourrelet voluptueux jusqu’à ce que j’eusse éprouvé la plus exquise des jouissances. Un peu honteuse, je m’éveillais de mon ivresse, quand, tout à coup, la porte s’est ouverte et ma tante a paru : Est-ce que vous êtes souffrante, Rose ? M’a-t-elle dit. Non, ma tante, mais je ne puis dormir. Aussi pourquoi vous agitez-vous comme cela, s’est-elle écriée, en remettant les couvertures sur mon lit. Il faut souffler cette bougie et ne plus songer à rien : vous êtes trop préoccupée, ma fille.
Je me suis tournée dans la ruelle pour qu’elle ne vît pas ma figure rouge et elle ne s’est pas aperçue de mon trouble ni de ma frayeur.
28 mai.
Il faisait si chaud aujourd’hui, que j’ai obtenu de ma tante la permission d’aller aux bains. L’eau tiède m’a rafraîchie tout en me donnant cette sensation de chaleur modérée qui est si agréable.
Quand j’en suis sortie, j’étais alerte et joyeuse, un petit vent s’était élevé qui me fouettait les jupes sur mon corps et devait joliment dessiner ma croupe et mes jambes. À un moment, je me retournai et je vis deux jeunes garçons qui regardaient précisément le bas de mon corps ; je leur ai fait de gros yeux de reproche et d’indignation, mais je n’ai pu ensuite m’empêcher d’éclater de rire, en songeant qu’un coup de vent malhonnête pourrait me trousser complètement à leurs yeux. Qu’avez-vous ? me dit ma tante en me considérant d’un air étonné et soupçonneux.
Je ne lui ai rien répondu et suis redevenue subitement sérieuse.
De retour à la maison, j’ai eu très grand faim et j’ai demandé à Manon, la cuisinière, de me donner quelque chose à manger, bien que le souper dût avoir lieu dans une heure, je ne pouvais attendre, j’étais impatiente de manger. Ma tante s’y est opposée, mais je sais où elle met ses confitures de fraises, qu’elle sucre avec autant de science que la meilleure des pâtissières. Je lui ai volé un pot de ces excellentes confitures et j’ai fait la gourmande et la goulue jusqu’au souper. Comme devant ma tante je mangeais très peu et qu’elle s’en étonnait : Ma faim est passée, Madame, lui ai-je répondu.
Mais après le dîner j’eus besoin de délacer mon corset, de dégrafer ma robe et de me jeter sur mon lit, en léchant, comme ma chatte, mes lèvres encore sucrées et parfumées. J’étais punie de ma gourmandise.
Moulin-Galant, 28 mai.
Nous sommes allées à la campagne, ma tante, notre jeune cuisinière Manon et moi. Ma tante alla faire visite à monsieur le curé, et, pendant ce temps-là, Manon et moi, nous fumes à la promenade.
Je n’ai pu voir ces belles prairies couvertes d’une herbe haute et toutes ombragées du soleil par de grands chênes, sans avoir l’idée de m’étendre tout de mon long par terre : Mademoiselle ! Mademoiselle ! M’a crié Manon, quand elle me vit m’élancer dans l’herbe. Que va dire votre tante ? Vous allez salir votre belle robe blanche. Votre tante est capable de vous battre.
On ne bat pas une fille de mon âge, Manon, répondis-je avec fierté.
Et pour prouver que je n’avais pas peur de ma tante, je me jetai d’abord à plat ventre dans l’herbe fraîche et m’y roulai avec délices. Dans cette couche encore plus voluptueuse qu’un lit, flairant l’odeur exquise du foin, je glissai un doigt entre mes cuisses et me pâmai de plaisir.
Quand je rentrai j’avais très grand soif et je cherchai Manon pour lui demander à boire ; elle n’était pas à la cuisine, ni dans l’office. J’eus l’idée d’aller moi-même dans la cave. Qu’est-ce que je vois ? Dans la pénombre, couchée sur une barrique, la robe relevée, Manon qui avait une longue carotte entre les jambes et poussait des soupirs : À quelle pratique vous livrez-vous, Manon, lui dis-je.
- Ah ! Mademoiselle, on fait ce qu’on peut quand on n’a pas d’amoureux.
Et elle continua l’opération que j’avais si mal à propos interrompue. Je voulus aussi, moi, suivre son exemple. J’allai chercher, dans la cuisine, une grosse carotte qui trempait dans l’eau fraîche, je me mis à côté de Manon et prit son attitude. Je n’enfonçai pas la carotte, mais je m’en chatouillai mon petit bouton avec un vif plaisir, puis, peu à peu, je l’introduisis dans mon derrière.
-
La sucerez-vous bien à présent, me dit Marion en riant.
-
Suce-la toi-même, lui dis-je.
Et je mis presque de f o r c e, dans sa bouche, la carotte souillée ; elle me repoussa et rejeta le légume de dégoût, en crachant.
Une idée bizarre me vint alors d’exprimer le jus des prunes sur cette délicate partie qui venait de me procurer de si grandes jouissances. Je fis part de mon idée à Marion, et bientôt nous étions toutes deux à écraser de belles prunes de Reine-Claude entre nos cuisses et entre nos fesses, excitées de la plus voluptueuse façon par ce jus de fruit gluant qui nous inondait devant et derrière.
La voix sévère de ma tante se fit alors entendre, nous n’eûmes que le temps d’abaisser nos jupes. Ma tante était accompagnée de monsieur le curé et venait avertir Manon que nous aurions le soir plusieurs invités. Que complotez-vous ensemble toutes les deux, nous a-t-elle demandé, en nous jetant à toutes deux un coup d’oeil scrutateur. Soudain elle a vu ma robe et est entrée en fureur.
- C’est ainsi que vous arrangez votre toilette, Mademoiselle. Ah ! c’est trop fort.
La poussière de la cave s’était jointe à la tache verte de l’herbe, pour faire de ma jupe un chiffon fort sale. J’avais honte de paraître ainsi devant le prêtre, mais ma tante m’a f o r c é e de me présenter à lui et de la plus honteuse façon. M’attirant jusqu’à la porte du jardin et me faisant courber, elle m’a administré sur le derrière une dizaine de cinglées d’une petite houssine qu’elle avait coupée dans une haie durant sa promenade. Par égard pour le prêtre, elle ne m’avait pas levé ma robe, mais j’ai bien senti tout de même la f o r c e de sa main ; j’étais si confuse et si humiliée que je ne me suis pas défendue et je me suis retenue de crier. Quand elle eut fini de me fouetter : Allez, Mademoiselle, et soyez exacte à revenir pour le dîner, m’a-t-elle crié.
Je suis partie sans demander mon reste, tandis que le prêtre souriait de la correction ; mais à peine me suis-je trouvée dans ma chambre, que j’ai éclaté en s a n g lots. Quoi ! me disais-je, me donner le fouet ! à mon âge et comme à une fillette ! Méchante ! misérable tante ! J’étais indignée. Et je rêvai mille vengeances. Ce qui me révoltait le plus, c’était cette ironie cruelle de m’inviter à dîner après m’avoir battue. Je jurai de mourir de faim plutôt que d’assister au repas. Mais ma tante vint elle-même me chercher et me contraignit de descendre, me menaçant d’une seconde correction si je refusais de la suivre.
Je dus me montrer avec mes yeux rouges, non seulement au prêtre, mais à l’assistance qui était assez nombreuse. Je crus mourir de honte. Il fallut m’asseoir au milieu de cette compagnie et soutenir les regards railleurs des invités. Pour comble d’humiliation, on parla, ce soir-là, de la façon de punir les e n f a n t s.
Décidément on ne me regardait pas comme une grande fille. Ma pauvre demoiselle, me dit mon voisin, un gros homme rouge qui avait des verrues sur le nez, vous avez donc eu le fouet. Et ce ne sera pas la dernière fois qu’elle le recevra, dit ma tante, tant que Mademoiselle se conduira aussi mal, on n’aura point d’égards pour son derrière. Le fouet est d’ailleurs bien bon pour la santé, dit le médecin d’un air grave, cela prévient la constipation et donne au s a n g de l’activité.
Je me retirai du dîner toute confuse et sans avoir eu le courage de rien manger.
2 juin.
Comme cette correction m’avait toute bouleversée, que ce matin j’étais fort pâle et que je n’avais point d’appétit au déjeuner, ma tante a fait venir le docteur qui a ordonné de me purger. J’étais honteuse d’un pareil remède, mais j’ai dû l’accepter. Moi qui avais si grand plaisir à montrer mon derrière aux jeunes filles du couvent, il a fallu me menacer d’une correction pour que je me décidasse à me mettre en position. Rose était chargée de la délicate opération de me donner le lavement et, sans le vouloir, elle m’a causé un plaisir auquel je ne m’attendais pas. Comme je m’étais mise sur le côté pour lui présenter mon postérieur, elle ne put faire pénétrer la canule. Je dus me coucher à plat ventre, en travers du lit, la tête en bas et les fesses en l’air bien écartées.
Rose m’amusa vivement à chercher le trou, comme si elle était aveugle, et quand elle l’eut trouvé, l’introduction de la canule dans mon derrière ne me causa que du plaisir. J’eus même de la peine à retenir un rire, réellement désastreux s’il avait éclaté, car il aurait renvoyé la canule et le lavement au nez de mon apothicaire. Enfin je me laissai emplir le derrière : le gourmand bouffa tout.
Ce qui suivit, par exemple, m’a causé un vif désagrément. Les latrines sont à côté de la cuisine et, pour aller me soulager, je dus quatre fois passer devant l’amoureux de Rose, qui ne put s’empêcher de rire en me voyant dans mon accoutrement de malade, me rendre aussi souvent au seul réduit, sans compter que le bruit malhonnête que produisaient presque inévitablement ces v i o l e n t s soulagements leur devait bien parvenir à l’oreille.
Le soir, enfin, ma tante, pour laquelle je cherchais à me guérir de ma frayeur, me prouva que je n’avais pas tort de craindre sa sévérité. Comme le médecin m’avait ordonné de demeurer au lit et que j’étais un peu impatiente de n’y rien faire, pour me divertir j’eus l’idée d’aller voir, en l’absence de ma tante, si je ne découvrirais pas, dans la petite bibliothèque qui se trouvait dans une chambre voisine de la mienne, un livre amusant.
On m’a défendu de lire des livres autres que ceux qu’on me donnait. Mais c’étaient justement les autres que je désirais connaître. J’aperçus derrière les vitres de la bibliothèque des titres qui m’alléchèrent : Les Amours d’Élise, Le Nain amoureux, La belle Maîtresse. Je me disais que ces livres parlaient d’amour et qu’ils devaient être fort intéressants. La bibliothèque, malheureusement, était fermée, mais en cherchant ici et là, j’eus le bonheur de trouver la clef.
Avec quelle précipitation je l’introduisis dans la serrure ! j’ouvris et je saisis les livres, sans même prendre le soin de remettre à leur place les volumes que j’avais dérangés. Je me recouchai à la hâte avec les livres précieux et je les ouvris le coeur battant. Quel ravissement !
On n’y parlait que de caresses et de baisers ! Des gravures ne représentaient que de belles femmes et de beaux hommes, mais je me suis étonnée de la façon dont les hommes sont conformés, ce qu’ils portent au milieu du corps m’intrigue et me fait rire. Est-ce une difformité ? Je ne comprends pas tout ce que je lis, mais cela m’intéresse aussi vivement que si je comprenais tout, j’essaie de deviner des énigmes, je me pose des questions.
Il y a ça et là des passages qui me plaisent tant à l’imagination qu’il m’en coûte, au milieu d’une si profonde jouissance, d’oublier mon pauvre corps ; bientôt je ne tiens plus le livre que d’une main, l’autre vient me gratter nerveusement mon bouton ; tout à ma lecture et à mon divertissement, je suis sur le point de me pâmer encore une fois, quand ma tante apparaît, m’arrache le livre des mains et m’applique une paire de terribles soufflets qui m’enflamment les joues et les oreilles : Ah ! je vais vous apprendre, Mademoiselle, à me désobéir de la sorte.
Un drap mince, une chemise me défendent seuls du châtiment. On les écarte et ma tante m’a vite jetée en travers du lit, les fesses en l’air. Tout lui est bon pour me châtier, et du cuir de ma propre ceinture oubliée près de mon lit, ma tante fait un fouet qui me déchire la peau. Alors je n’essaie plus de retenir les cris, je pleure et je demande grâce, mais on ne m’écoute pas et on me frappe sans pitié.
Je n’avais jamais été traitée aussi durement. Elle a voulu, sans doute, m’en laisser un long souvenir. Pendant quelques jours, je n’ai pu m’asseoir, sans ressentir au derrière une vive douleur ; pour excuser ma tante il est bon de dire, qu’à ses yeux, je méritais cette dure punition.
Je suis allée aujourd’hui avec Manon chercher de la crème, à un petit village qui se trouve sur le bord d’une jolie rivière.
Le matin était gai de soleil. Il y avait des roulades d’oiseaux d’un bout à l’autre des haies. Une petite pluie avait rafraîchi l’air et donnait aux feuilles une odeur d’humidité qui m’énervait. Je m’amusais de la boue des chemins, sautant pardessus les ornières pleines d’eau, qu’avaient creusées les charrettes des paysans. Deux fois je me trempai les pieds et de la boue jaillit sur ma robe : Vous serez grondée à votre retour, Mademoiselle, s’écria Manon. Mais je ne fis pas attention à ses paroles.
Enfin nous sommes arrivées. La fermière qui nous a vendu la crème a, derrière sa maison, un petit jardin auquel elle donne les plus grands soins. Je n’ai vu que chez monsieur de Vieilleville, fermier général, de si belles fleurs, et encore monsieur de Vieilleville serait-il jaloux de ses héliotropes. Mon Dieu ! les belles fleurs. Leur odeur mielleuse et pimentée me transportait.
Sans Manon, je me fusse jetée à plat ventre parmi ces longues tiges v i o l ettes et embaumées. Mais Manon m’en a empêchée en me disant « qu’encore que je fusse une dame de la ville, la fermière pourrait très bien me battre, car elle tient plus à ses fleurs qu’à ma dignité et que si je lui déplaisais elle me trousserait et me claquerait le cul (ce sont les expressions de Marion), ni plus ni moins qu’une petite vachère. » J’ai eu peur de la paysanne, d’autant plus que lorsque nous sommes arrivées, elle venait justement de houssiner une grande fille qui s a n g lotait, tout en se frottant le derrière, tandis que son b o u r r e a u la considérait d’un oeil brillant de cruauté, qui ne m’a point rassurée. « La méchante femme », ai-je dit tout bas à Manon, en lançant un coup d’oeil de pitié à la pauvre e n f a n t fessée.
Il s’en est fallu de peu, sous prétexte que la fillette l’ennuyait par ses gémissements, que sa marâtre ne la fouettât encore. La mégère contait à une commère, qui était là, les prétendus méfaits de la petite. Une pie borgne, faisait-elle, qui ne fait oeuvre de ses dix doigts et qui est tout le jour à jouer à la biscambille et à gueuler à tout le village, à plein baquet, des histoires qui ne sont que des menteries.
Croit-on que ça fasse bien de l’honneur à une brave femme comme moi, de gaver de mangeaille des creyatures à ne rien faire. Mais je lui torcherai le cû proprement à c’te guenipe ; je l’y baillerai le fouet à sa récréance. J’ai dans les champs assez de genêt qui n’attend que ma main pour lui décrotter le fessier.
La femme menaçait toujours la pauvre e n f a n t qui voulait s’enfuir, mais qui n’osait. Elle parlait d’une façon si drôle que j’avais grand peine à me retenir de rire, bien que les paroles qu’elle prononçait me fissent rougir. À peine sorties, je me suis mise à l’imiter, à contrefaire sa voix, ses gestes. Et je disais des gros mots, et je roulais des yeux et je levais la main. Manon se tenait les côtés à f o r c e de rire, mais de temps à autre elle s’écriait : Ah ! si votre tante vous entendait.
Puis aussitôt sa gaieté reprenait de plus belle.
Nous sommes allées ensemble jusqu’à la rivière où nous avons trouvé, sur le bord, un petit coin de terre où le soleil donnait en plein et où nous avons eu plaisir à nous asseoir. Le sol, bien chauffé, nous cuisait agréablement les fesses, tandis qu’à côté de nous, le feuillage léger des saules, agité par le vent, nous éventait d’une façon délicieuse. Nous avons regardé la rivière qui étincelait, puis Manon a tiré d’un panier qu’elle avait apporté, des assiettes, des cuillers et du pain.
Ma tante nous avait permis d’aller goûter au bord de l’eau et je lui en ai su bon gré, car jamais je n’ai eu plus de plaisir. La crème était excellente et le parfum piquant des fruits s’y mêlait délicieusement. Nous avons croqué le pain frais à belles dents, puis nous nous sommes couchées sur l’herbe. Comme l’ombre commençait à s’étendre et il faisait un peu plus frais, nous avons arraché des ciguës, des pissenlits et des marguerites et nous nous sommes diverties à nous chatouiller le nez et la figure. Manon était toute rouge, les yeux animés, des petites gouttes de sueur perlaient à son front. Je n’ai pu m’empêcher de lui dire ce que j’éprouvais : Sais-tu que tu es jolie, Manette.
Puis, j’ai avancé les lèvres pour lui donner un baiser, mais elle n’a pas voulu le prendre. Pourquoi ? aurait-elle un amoureux !
Elle s’est alors levée un peu lourdement, et sans le vouloir m’a effleuré le visage de son vaste postérieur. Quel cul tu as, Manon ! me suis-je écriée, mais au même instant un gros et odorant pet a retenti sous ses jupes.
Tandis que Manon retournait la tête vers moi en éclatant de rire, j’ai feint la colère, et pour la punir je l’ai poussée si vivement qu’elle s’est étalée par terre, à plat ventre. La coquine alors, comme je tournais autour d’elle, pour se venger, m’a attrapé le bout de la robe, j’ai glissé et je suis tombée sur l’herbe, près d’elle.
Je n’avais point de dégoût d’elle, car je l’ai embrassée à pleine bouche avant qu’elle n’eût le temps de s’en défendre. Mais la sale n’a-t-elle pas lâché, presque à mon nez, un nouveau vent non moins infect et bruyant que le premier. Alors je lui ai cinglé les fesses avec une baguette, d’un coup si vif qu’elle a poussé un cri de douleur, s’est relevée, puis jetée sur moi, et comme elle est la plus grande et la plus forte, elle n’a pas eu beaucoup de peine à me rendre ce que je lui avais fait. Ça a été mon tour de crier et de demander ma grâce que j’ai enfin obtenue.
Enfin, nous avons fait la paix ; nous nous sommes de nouveau étendues sur l’herbe et le doigt sous les jupes, les sens excités par la cinglade que nous venions de nous donner, nous servant réciproquement, remuant les fesses à qui mieux mieux, nous nous sommes fait jouir l’une l’autre jusqu’au soir.
Hugues Rebell 1903
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